Les entreprises d’insertion

L’entreprise d’insertion,
une idée qui a fait son chemin

Les premières sont nées à la fin des années soixante-dix, à l’initiative de quelques travailleurs sociaux. Il s’agit alors pour eux d’utiliser la mise au travail et sa communauté, pour engager une démarche de socialisation (ou resocialisation) en direction de jeunes adultes en rupture. Cette initiative fait l’objet d’un premier soutien de la part de Simone Veil, alors ministre de la Santé et des Affaires sociales. Les gouvernements successifs en reprennent l’idée, l’organisent, la réglementent, et pour certains en font un exemple.

  • Trente-cinq années plus tard, les convictions de départ sont confirmées par des certitudes établies. Elles confèrent à l’insertion par l’économique son caractère toujours aussi novateur et performant.

L’entreprise d’insertion développe son activité en gagnant des parts de marché dans le respect des règles de la concurrence. Comme les autres entreprises, elle le fait grâce à son savoir-faire, son expérience, et son action commerciale. Elle dédie les postes de travail créés à l’emploi de personnes en difficultés (à l’exception de l’encadrement et des professionnels permanents). Les salariés en insertion, orientés par les « prescripteurs » sociaux et agréés par le service public de l’emploi, sont embauchés en Contrat à durée déterminée et rémunérés par l’entreprise en référence au droit commun. Les surcoûts d’improductivité, de sur-encadrement, d’accompagnement, augmentent naturellement les prix de revient de l’entreprise d’insertion, et sont pour partie pris en charge par un financement public. Ce dernier permet à l’entreprise d’insertion d’accomplir une mission sociale tout en restant dans les prix du marché.

Dans les entreprises d’insertion comme celles de GROUPE ID’EES, le financement public représente environ 15 % des recettes. Pour autant, c’est un des rares exemples de dépense active dès lors que ces entreprises reversent 4 € en impôts, taxes et cotisations pour 1 € de financement public, et cela avec des personnes qui, à défaut, engendreraient des dépenses sociales bien plus importantes.

Rompre avec l’assistanat tout en accompagnant les personnes, intervenir par l’économique dans l’action sociale, intégrer l’action sociale dans une gestion économique, oser le mariage de ces contraires constitue la richesse humaine et l’ambition de l’entreprise d’insertion.

Notre mission est de croiser trois types de demandes. La première, Pôle-emploi, les collectivités locales, les prescripteurs qui identifient des publics prioritaires en fonction de certains critères, de certaines politiques sociales et donnent leur « agrément ». Il ne suffit pas de pousser la porte et dire « Je suis en difficulté ». Ce premier filtre est important, il y a de l’argent public en jeu, on ne peut pas faire n’importe quoi. La deuxième demande, celle des entreprises qui ont des besoins de main d’oeuvre plus ou moins qualifiée, et pour finir, la troisième, la plus importante : ces personnes qui semblent loin de l’emploi mais qui veulent s’en rapprocher.

Alain Bernier, Secrétaire Général de GROUPE ID’EES

"L’insertion, c’est parfois un métier compliqué : l’entreprise cherche des moutons à 5 pattes, les gars nous racontent leur vie, ils ont traversé des moments difficiles mais ils veulent s’en sortir… Et nous devons mettre tout ça en phase : un sacré challenge ! Mais il suffit d’un parcours réussi, d’une sortie positive, pour nous requinquer ! Quand vous avez par exemple, un senior, paysan, que vous mettez au travail dans l’industrie, qui s’en sort et peut aller jusqu’à sa retraite… ou un homme au chômage depuis 5 ans, qui se convertit et trouve un CDI dans le BTP alors que ce n’était pas du tout son métier, c’est un vrai bonheur, car ce n’était pas gagné d’avance. On est heureux parce qu’on a trouvé la bonne entreprise, que la personne a fait les efforts nécessaires, qu’on l’a monté en compétences par une formation qualifiante et que lui-même reprend confiance en lui !"

Magali G., Pont à Mousson

"Ce que j’aime chez ID’EES 21 c’est ça. C’est la mixité, c’est donner la chance, c’est essayer d’être ensemble, de se dépasser. Dans les ateliers protégés, le résultat est acquis. Nous, on est une entreprise normale. Les dotations de l’état, ça ne fait pas tourner les machines ! Au début les gens sont productifs à 10 %. Il faut vite les faire monter en compétences, car nous sommes dans un circuit marchand et vous ne pouvez pas dire à vos clients : « soyez cool, je fais du social ». Je représente une boîte normale, compétitive, je dois pouvoir proposer du 3/8, du 2/8, de la productivité, une certification ISO… Bref on est des industriels ! On se bat tous les jours pour être dans les prix du marché.

Jean-Paul P., Chenôve (21)

"L’étape ultime évidemment, c’est lorsque le chef d’atelier ayant un poste à pouvoir se dit « Tiens, celui là, je le connais, je l’ai vu à l’oeuvre dans l’entreprise, il a un bon état d’esprit, les gens l’aiment bien, peut-être bien parce qu’il a eu un parcours plus difficile que d’autres, pourquoi je ne l’embaucherais pas ? ». Le succès, c’est quand le client dit « Écoutez, je vais vous piquer votre gars ». C’est exactement ce que l’on souhaite tous ! Aujourd’hui, ce qui est très intéressant, c’est qu’un certain nombres d’entreprises privées intègrent spontanément la « clause sociale » dans leurs cahiers des charges, sans en être obligés.

Philippe Crouzet, Président du Directoire de VALLOUREC